Bir Hakeim, 1942

Quand la France renaît

  • Documentaire
  • Seconde Guerre mondiale : Défaite de la France en 1940, mais dans les colonies et territoires de la France, on ne dépose pas les armes. Bir Hakeim, c'est le génie militaire du général Koenig, la force combattante des Forces françaises libres - « L'orgueil de la France », dira le général de Gaulle - une victoire stratégique pour les Alliés, mais bien plus que cela pour les FFL du général Le Gentilhomme. Outre le fait d'arme, l'épisode héroïque est décisif pour la France libre.

Ils ne pouvaient se rendre.

 

   

La brigade du général Koenig comptait 3700 hommes.* Levée de bric et de broc, elle avait été chargée par le Haut commandement allié de retarder l'avancée italo-allemande, une armée forte de plus de 30 000 hommes et bien équipée. Le siège commence le 26 mai et ne devait durer que six jours. La garnison tiendra 15 jours avant que, de leur QG, les Anglais ne donnent enfin l'ordre d'évacuation. Une sortie de vive force, en pleine nuit, avec matériel, blessés et prisonniers. Objectif atteint : le canal de Suez – accès hautement stratégique à la Méditerranée, notamment contre la menace japonnaise – restera sous contrôle Allié.

     

Sortie de Bir Hakeim, le 11 juin 1942

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* Voir plus loin la composition de la brigade Koenig

Bir Hakeim, vu par le Maréchal Rommel (Carnets de Rommel, publiés en 1953 par l'historien anglais Lidell Hart, sous le titre La Guerre sans haine )

 

Rommel décrit les défenses ingénieuses mises en place par Koenig; extraits :

  • « Les Français disposaient de positions remarquablement aménagées ; ils utilisaient des trous individuels, des blockhaus, des emplacements de mitrailleuses et de canons antichars ; tous étaient entourés d'une large ceinture de mines. Les retranchements de cette sorte protégent admirablement contre les bombardements par obus et des attaques aériennes : un coup au but risque tout au plus de détruire un trou individuel. Aussi, pour infliger des pertes notable à un adversaire disposant de pareilles positions, est-il indispensable de ne pas lésiner sur les munitions. La principale difficulté consistait à ouvrir des brèches dans les champs de mines, sous le feu des troupes françaises... Appuyés par les attaques continues de l'aviation, les groupes d'assaut, composés de troupes appartenant à diverses armes et prélevées sur différentes unités, engagèrent l'action au nord et au sud. Mais chaque fois, l'assaut était stoppé dans les fortifications remarquablement bien établies par les Français. [...] Seule l'Ariete fut attaquée le 2 juin, mais elle opposa à l'assaillant une résistance opiniâtre... Nous n'avions plus à craindre de voir les Britanniques lancer d'importantes attaques de diversion contre nos forces qui investissaient Bir-Hakeim et nous espérions poursuivre notre assaut contre la forteresse sans risquer d'être dérangés. Le 6 juin, à 11 heures, la 90e division motorisée partit de nouveau à l'assaut des troupes françaises commandées par le général Kœnig. Les pointes avancées parvinrent à 800 mètres du fort, puis l'offensive s'arrêta. Le terrain, caillouteux, n'offrait aucune possibilité de camouflage et le feu violent des Français ouvrait des brèches dans nos rangs. »
  • « Une invitation à se rendre, portée aux assiégés par nos parlementaires, ayant été repoussée, l'attaque fut lancée vers midi, menée du nord-ouest par la division motorisée Trieste, et du sud-est par la 90e division motorisée allemande, contre les fortifications, les positions et les champs de mines établis par les troupes françaises. [...] Sur le théâtre des opérations africaines, j'ai rarement vu combat plus acharné. »
  • « Et pourtant, le lendemain, lorsque mes troupes repartirent, elles furent accueillies par un feu violent, dont l'intensité n'avait pas diminué depuis la veille. L'adversaire se terrait dans ses trous individuels, et restait invisible. Il me fallait Bir-Hakeim, le sort de mon armée en dépendait. »

Bir Hakeim, Fort Vauban du désert

 

 

... ainsi a été décrit Bir Hakeim. A lire Rommel, Bir Hakeim aurait été « une forteresse », dotée de « fortifications ». En réalité, il ne s'agit que d'un point d'eau à sec, au ras d'un désert caillouteux, sans aucune défense naturelle. La citadelle imprenable est l'ouvrage génial du général Koenig dont, Rommel, grand stratège militaire, fait l'éloge.

 

Koenig, l'homme de Bir Hakeim

Susan Travers,* chauffeur du général Koenig

Elle est au volant de la jeep au moment de la sortie de vive force du 11 juin

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* Susan Travers est souvent mentionnée comme étant la seule femme à Bir Hakeim; elle est aussi à l'époque la seule femme de la Légion étrangère.

Ils étaient à Bir Hakeim...

 

Les FFL disposent alors de deux unités regroupées au sein des Troupes coloniales :

  • l'Infanterie et l'Artillerie coloniales (soldats Français envoyés aux colonies)
  • les Tirailleurs indigènes* (sujets de la France); en fait, l'Unité des Tirailleurs indigènes, plus connue sous le nom de « Tirailleurs Sénégalais »,* comprenait non seulement des Africains de toute l'Afrique subsaharienne, y compris des Malgaches, mais aussi des Indochinois.

 

Aux côtés de la Coloniale, ont combattu également dans les FFL :

  • La Légion étrangère
  • Le Bataillon du Pacifique (volontaires des colonies du Pacifique)

 

Ainsi que des Bataillons nord-africains

  • Les Zouaves (exclusivement de France) Les Chasseurs d'Afrique (Chas' d'Af qui sont des Français d'Algérie – pieds-noirs – ou de France) Les Spahis (régiments de Français et régiments de Nords-Africains)
  • Les Tirailleurs Nords-Africains* (Algérie, Maroc et Tunisie) dont la hiérarchie militaire est française, le bataillon étant rattaché à l'Armée de terre française

 

Enfin, les services de santé sont français, avec soutien britannique et américain pour les camions opératoires, des ambulances Spears.

 

 

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*Il est inexact de parler de « Tirailleurs indigènes », pour l'Afrique du Nord; seuls ceux de la Coloniale répondent officiellement de l'appellation; à noter également que l'Histoire a retenu le fameux « Tirailleur Sénégalais », une appellation idiomatique pour désigner tout soldat de l'Afrique subsaharienne.

 

Eux aussi étaient à Bir Hakeim...

 

Le Bataillon de marche de l'Oubangui (Afrique équatoriale)

défile à Tananarive (Madagascar), en avril 1943

 

Outre les soldats français qui ont refusé de rendre les armes dans la débâcle de 1940 et ont rejoint le général de Gaulle (7000 hommes en août 1940), les colonies et les territoires sont passés les uns après les autres aux Forces Françaises Libres, dès 1940. C'est-à-dire :

 

  • Afrique équatoriale française  : 17 500 hommes dont 15 000 indigènes en sept. 1940
    Bataillon de Marche n° 1 (Gabon)
    Bataillon de Marche n° 2 (Oubangui-Chari)
    Bataillon de Marche n° 3 (Tchad)
    Bataillon de Marche n° 4 (Cameroun)
    Bataillon de Marche n° 5 (Cameroun)
  • Égypte : 1er bataillon de fusillers-marins, 195 hommes
  • Soudan : 13e demi-brigade de la Légion étrangère, 1000 hommes
  • Afrique du Nord : Escadron de spahis marocains, 100 hommes
  • Pacifique : Corps expéditionnaire (équivalent à un bataillon en avril 1941)

 

A la fin de 1941, les FFL sont fortes de 50 000 hommes environ, en hausse chaque année, jusqu'en mai 1945 ou ils seront 1 250 000 hommes.*

 

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Réf. : www.charles-de-gaulle.org/pages/l-homme/dossiers-thematiques/1940-1944-la-seconde-guerre-mondiale/les-forces-francaises-libres/les-ffl/composition-des-ffl.php

 

*Changement d'appellation le 31 juillet 1943 : l'Armée française de la Libération succède aux FFL.

Tirailleur de Brazzaville (Congo), 1944

France combattante

Le 13 juillet 1942, le terme de « France combattante » fut adopté à la place de « France libre ».* Définie officiellement comme l'« ensemble des ressortissants français, où qu'ils soient, et des territoires français qui s'unissent pour collaborer avec les Nations unies dans la guerre contre les ennemis communs » et le « symbole de la résistance à l'Axe de tous les ressortissants français qui n'acceptent pas la capitulation et qui, par les moyens à leur disposition, contribuent où qu'ils se trouvent, à la libération de la France par la victoire commune des Nations unies », cette nouvelle appellation visait à signifier la prise en compte, par la France libre, de la Résistance intérieure, dans le combat de la Résistance française : la France libre et la « France captive » étaient « les deux éléments constitutifs d'une seule et même France qui est la France combattante ».

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* Par le Comité national français, basé à Londres, et qui deviendra, le 3 juin 1943, le Comité français de la libération nationale (CFLN) installé à Alger, sous la co-présidence des généraux Giraud et de Gaulle.